(Publié le 19/10 et complété le 9/11 en fin d'article)
Le sentier très fréquenté qui part du parking de la Pliou à Freydières pour aller au lac du Crozet et à la Pra commence par une large piste forestière, puis la quitte vers 1500m pour monter en lacet par un petit sentier piétonnier.
C'est ce sentier qui, vers 1650m, a été transformé des derniers jours par en piste pour engins forestiers. Et, par ailleurs, une piste de débardage à été ouverte, droit dans la pente, entre le chemin forestier de la Pliou et le deuxième lacet du sentier. Un grand merci au randonneur Revelois qui nous a alerté ce week-end de ce chamboulement surprise. Tout ceci pour débarder une dizaine de grumes. A moins que ce ne soit l'amorce d'une coupe de bois plus importante. Ni la mairie de Revel, ni l'ONF n'ont pour le moment répondu sur le fond à nos demandes d'information.
On pourrait remercier les forestiers d'avoir amélioré le petit sentier du Crozet, très marqué par les passages et de l'avoir transformé sur une partie en large chemin carrossable en défonçant les talus. Mais dans ce cas, pourquoi s'arrêter à un tronçon? les lacets précédents mériteraient aussi une réfection du sentier! On pourrait aussi les remercier d'avoir ouvert un raccourci radical qui coupe les lacets, tout droit dans le pentu.
Restons sérieux. On peut aussi se demander pourquoi les randonneurs doivent respecter les chemins, ne pas couper les lacets pour éviter le ravinement, quand les professionnels de la forêt font l'inverse. Et est-ce que l'exploitation de la forêt justifie le défonçage d'un sentier pédestre en piste de débardage, qui va se transformer en fondrière à la première pluie? Sans compter la déstabilisation des talus et les pierres mal maintenues par des racines qui vont rouler sur les lacets en dessous.
Évidemment, la forêt de Revel est exploitée. Cette partie est communale, et est gérée par l'ONF, qui sous-traite les coupes, par appel d'offres, à des entreprises privées. L'appel-d'offres peut contenir des conditions restrictives d'exploitation, comme la limitation des coupes en dehors des périodes de fréquentation d'été, la remise en état des chemins et des zones de dépot, et le respect des sentiers. Évidemment, cela augmenterait les frais de coupe, donc la valeur de vente du bois. Qu'en a-t-il été pour ce débardage?
Cela pose la question de l'intégrité des sentiers utilisés par les randonneurs. En Isère, beaucoup d'itinéraires font partie du PDIPR (Plan Départemental des Itinéraires de Promenade et Randonnee), et c'est la Comco du Grésivaudan qui les gère sur Revel. En principe, c'est elle qui coordonne les travaux de modification d'amélioration. Est-ce qu'utiliser un tronçon piéton pour les engins de débardage fait partie des règles du jeu?
Ce petit exemple pose plein de questions pratiques de cohabitation entre l'exploitation forestière et la randonnée.
On peut déplorer que, sur un itinéraire aussi fréquenté que celui du Crozet, il n'y ait pas un minimum de concertation avant le défonçage de pistes de débardage. Et, alors que les interlocuteurs se connaissent et que la mairie de Revel ait mis en place des commissions sur l'avenir de Freydières qui devraient en théorie améliorer la communication entre les utilisateurs, toujours pas de réponse aux questions posées.
Complément d'infos, après un échange avec l'ONF:
Le chantier consistait à terminer le débardage d'une dizaine de grumes, coupées depuis plusieurs mois dans le cadre d'un contrat passé par l'ONF à un exploitant privé. Ce dernier aurait du informer préalablement de l'ouverture du chantier et de la modification du sentier du PDIPR, ce qui n'a pas été le cas, d'où le déficit d'information. Sur le fond, tant que la forêt est exploitée, il semble que la solution choisie pour le débardage soit la meilleure, ou la moins mauvaise. L'alternative aurait été de treuiller, avec des risques supplémentaires et des dégâts potentiels sur les lacets du chemin. La réouverture d'une ancienne piste de débardage en bordure du sentier a laissé l'essentiel du sentier en l'état et son élargissement sur une centaine de mètres sera vite stabilisé par le végétation. Dont acte.
Cet exemple montre combien la cohabitation entre les randonneurs et l'exploitation forestière est sensible. Les randonneurs traversent des forêts exploitées, utilisent des chemins crées par les forestiers et doivent en accepter des contraintes. En parallèle, les forestiers (propriétaires et exploitants) doivent aussi respecter l'usage de loisir, assurer la sécurité des promeneurs et laisser les sentiers en l'état. C'est en principe prévu dans les règlements et les contrats.
Une question pour le PDIPR: Faut-il maintenant compléter le balisage du sentier du Crozet, en proposant une montée/descente tranquille en lacets et une variante de raccourci par la poste de débardage?
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Holdwiig (dimanche, 20 octobre 2019 11:55)
Malheureusement c'est de pire en pire, et de partout. On sent vraiment que l'exploitation du bois est en plein boom.
Le secteur Pinsot - La Ferrière est aussi touché. Une nouvelle piste a été créée vers la montagne du bout il y a quelque temps et j'ai eu un mal fou à retrouver le sentier d'origine vu le travail dégueulasse qui a été fait.
Il y a vraiment un laisser aller inacceptable, car dans beaucoup de cas il ne remettent rien en état.