La 2ème réunion du Groupe de Travail sur Freydières s'est tenue le mardi 4 juin à la mairie de Revel, avec environ 35 personnes.
Une réunion animée, où les Revelois ont demandé des explications au maire Bernard Michon. Ils avaient découvert, en parallèle du Groupe de Travail, le dépôt d'une action LEADER Belledonne, la signature d'une convention avec l'ONF et les fédérations de chasse et de pèche, sans aucune implication des randonneurs locaux ou départementaux. Et, dans le document de travail présenté au groupe, les scénarios présentés proposaient le comptage des voitures avec péage et fermeture de la route . Plus d'un Revelois a eu l'impression que le Groupe de Travail n'était qu'un paravent pour avaliser des décisions prises ailleurs en petit comité.
Bernard Michon a assuré qu'il n'en était rien, que rien n'était décidé et resitué le projet dans son contexte. Dont acte, mais nous restons vigilants: la confiance est limitée depuis l'an dernier, avec l’arrêté surprise d'interdiction du bivouac à la Pra pour soi-disant protéger le milieu naturel, alors qu'il s'avère que le motif principal était d'éloigner les randonneurs du troupeau.
Ceci dit, il y a eu de bonnes choses dans cette réunion
- un recensement des places de parking existantes, qui pourraient être mieux signalées et aménagées: avant Freydières, 77 places à la STEP, à Freydières 94 places en 4 emplacements, aux 4 Chemins 25 places, puis 50 places dans 3 poches sur le chemin en terre de la Pliou, et 70 au bout de la route. Au total 326 places. Plus le petit parking en entrée de la prairie de Ferpeyret et la possibilité d'un grand parking entre Freydières et les 4 chemins, au départ de la route forestière de Pré Reymond.
- un recensement des chalets en propriété communale autour de Freydières: entre 7 et 9 bâtisses, plus ou moins sommaires, qui pourraient être réaménagées pour des activités de loisir. Une excellente idée, qui a fait l’unanimité. Il y a clairement un potentiel à développer.
- une proposition de sentiers thématiques au départ de Freydières, à destination des familles. Là aussi, il y a accord, pour développer un accueil et des activités à destination du public familial qui vient profiter de la moyenne montagne autour du lac de Freydières.
C'est à propos d'un autre public, celui qui ne voit pas Freydières comme un but en soi , mais comme une porte vers les montagnes de Belledonne, qu'il n'y a pas consensus. Ce sont ceux qui vont au bout de la route, à la Pliou ou aux 4 Chemins, et qui, quand les parkings sont pleins, se garent au mieux là où ils trouvent une place. Cela n'arrive que quelques jours par an (combien de jours, on ne sait pas, il faudrait des comptages), mais ces jours là, les 326 places "officielles" ne suffisent pas.
La mairie a proposé 3 scénarios:
- on signale mieux les parkings existants, on interdit le parking en dehors et on met des PVs
- idem, en rajoutant une barrière avec comptage des flux et proposition de péage pour payer des agents de gestion
- idem avec comptage de flux, péage et agent de gestion, en fermant la route aux 4 chemins (en supprimant 120 places)
Aucun de ces scénarios ne répond au besoin d'accueil les jours d'affluence. Où vont aller les familles qui seront refoulées les jours de canicule à la barrière de Freydières ?
Évidemment, on peut anticiper sur d'autres scénarios que le tout-voiture. Éliminons le rêve de navette entre Domène et Freydières, aucune collectivité n'est prête à financer le déficit d'exploitation. Mais on peut encourager ceux qui montent en vélo classique ou électrique en installant des garages à vélo qui ferment à clé. On peut aussi développer la covoiturage et le Poucibus depuis Domène. Le stop marche très bien en semaine pour les lycéens au départ de la route de Domène, pourquoi pas le week-end pour Freydières: tous ceux (ou presque) qui montent à Freydières passent par Domène, on pourrait remplir les voitures en bas de la montée. Oui, ce sont des pistes à développer activement, elles ont été mentionnées dans le Groupe de Travail.
Mais, pour les prochaines années, vont-elles vraiment réduire le besoin de places de stationnement? ou simplement atténuer sa croissance? Oui, on utilisera de moins en moins sa voiture en ville ou pour aller au travail. Mais le week-end, pour les loisirs? Les mobilités douces vont se développer, certains sites seront accessibles en transport en commun, mais les autres? Le besoin de s'évader en montagne ne va pas disparaitre, et c'est peut-être le dernier usage qui restera de la voiture individuelle dans les prochaines années.
Si la mairie veut restreindre les parkings à Freydières et au dessus, elle va générer des parkings sauvages ailleurs, et refouler des familles qui devront chercher leur bol d'air de montagne plus loin dans d'autres communes. Nous n'imaginons pas que ce soit l'objectif de Bernard Michon, président de l'Espace Belledonne !
Même si pour un tas de raisons on aimerait réduire les voitures, il me semble plus écologique de favoriser l'accueil à Freydières, la porte de Belledonne la plus proche de Grenoble, que de repousser les voitures des Kms plus loin (rappelons que les montagnes au dessus de Revel, elles, sont loin d'être saturées).
En addition des 3 scénarios proposés, le Groupe de Travail a demandé qu'on étudie l'extension des places de stationnement. Pas pour attirer plus de voitures, mais pour trouver une place aux voitures qui encombrent la route les jours d'affluence. Il y a des possibilités d'aménagement par nivelage ou déblayage/remblayage de la Pliou aux 4 Chemins, et une zone plate au départ de la piste de Pré-Reymond, sur le trajet du sentier qui monte à la Pliou, qui pourrait servir de parking de débordement les jours d'affluence. Pas besoin de places délimitées avec des capteurs de présence comme chez Vinci, un simple aplanissement du terrain et un peu de drainage, et de la signalisation informative. En contrepartie, interdire le stationnement sur la route étroite semble logique, quitte à le faire respecter par quelques PVs.
L'autre question qui fâche, c'est le péage ! Il n'y a pas de péage au col du Coq, à Pré Orcel, à Pré Marcel, au Poursollet,... L'exception, c'est le cirque Saint-Même, et il est proposé de dupliquer l'exception à Revel (et sans doute ailleurs, puisque la fiche action du programme Leader mentionne que les solutions mises en place seront reproductibles). Pourquoi ? Pour financer des gardes et mettre des PVs (de stationnement, mais aussi contre les feux sauvages, les déchets, etc...), et aussi, si c'est possible, des agents pour faire de l'accueil.
Est-ce réaliste ? A Saint Même, un site familial en bord de ruisseaux très apprécié pour le pique-nique, avec un parking de 300 places, il faut 1 poste au péage et 2 en haut sur le parking, présents sur toute la journée, les week-end et les mois d'été, donc plusieurs personnes par poste à remplir. Les recettes couvrent tout juste le salaire du personnel. Et les jours de pluie, qui assumerait le déficit, la commune? Est-ce que l'affluence des grands week-end permet de financer des emplois à plein temps à la future barrière de Freydières?
Est-ce justifié ? Évidemment, on paye les parkings à Grenoble, faut-il aussi le faire en montagne? Ce serait une taxe de plus, qui pénaliserait les familles, les citadins qui ont besoin de leur poumon d'oxygène, les Revelois qui ont leurs habitudes à Freydières. La justification de la mairie, c'est qu'il faut compenser les couts de fonctionnement générés par l'accueil des visiteurs, essentiellement le nettoyage. Il n'y a rien de catastrophique selon le témoignage des services techniques, le lac de Freydières est de plus en plus propre malgré l'affluence croissante, mais il faut quand même passer nettoyer le lundi matin. Oui, l'accueil génère des couts. Une commune du littoral nettoie régulièrement sa plage, qui reste pourtant gratuite. C'est un service, qui devrait être compensé par l'activité économique générée sur la commune.
Si ce n'est pas le cas, il faut raisonner en bassin d'activité. La montagne fait partie intégrante de la zone de vie de l'agglomération grenobloise, dont Revel fait partie. Grenoble est dynamique en partie grâce à l'attraction de ses montagnes ( et c'est bien pour cette raison que le rédacteur de ces lignes s'est installé dans la région). Revel est dynamique parce que Grenoble existe. Si la commune est passée de 270 habitants en 1968 à plus de 1400 aujourd'hui et qu'elle a toujours une école, c'est parce qu'elle n'est qu'à 15 kms de Grenoble. Alors, les anciens Revelois peuvent-ils se plaindre que les citadins viennent à Freydières le week-end? Sans la ville dans la vallée, le village serait bien rétréci, ses habitants auraient dû chercher du travail ailleurs et n'auraient pas vendu de terrain à construire. Alors, peut-être que le nettoyage de Freydières, ce n'est que la contribution que Revel doit rendre à la vallée, pour la remercier d'exporter sa vitalité. Pas vraiment cher payé.
Et si, malgré tout, Revel doit absolument chercher un financement, c'est au niveau du bassin de vie qu'il faut le trouver, le Grésivaudan et la Métro, ou le département. La compétence tourisme est transférée des communes à la ComCom, pourquoi le plan de développement de Freydières et son financement n'est-il pas traité à ce niveau? le Grésivaudan a déjà pris en charge le développement du col de Marcieu, pourquoi pas Freydières?
Nous sommes tous d'accord pour protéger le site exceptionnel de Freydières.
Une grande partie des Revélois est d'accord pour développer Freydières Porte de Belledonne et accueillir au mieux les visiteurs, qu'ils restent autour du lac ou qu'ils montent plus haut en montagne.
Valoriser le site, mieux informer les visiteurs, cela contribuera à le faire respecter et le préserver.
Nous pensons qu'il est possible, avec des solutions pragmatiques, d'accompagner la croissance inéluctable de la fréquentation, sans mettre de péages, ni de barrière.
Élever des murs et des barrières,
c'est malheureusement à la mode dans le monde d'aujourd'hui,
mais ce n'est pas l'image que nous voulons donner de Belledonne et de Revel.
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Duval Paul, Le Perlet, Saint Nazaire les Eymes (dimanche, 20 octobre 2019 10:00)
Je pense toujours que ces pb devraient être discutes plus largement, au niveau départemental en y associant évidemment la commune de Revel pour les acces.
La protection du site de La Pra et....depasse largement le contexte local (la commune de Revel). Je pense qu'il faudrait jeter un oeil sur la jurisprudence dans ces situations fréquentes en France. Un juriste pourrait intervenir.