Vigilance Belledonne, pourquoi?
L'histoire de ce blog, c'est au départ un grand coup de gueule.
En juillet 2018, en recherchant sur Internet des informations pour une future rando, je tombe par hasard sur un arrêté municipal du maire de Revel, daté du 17 juillet, donc quelques jours plus tôt, qui interdit le bivouac à la Pra.
La Pra, c'est un site que je connais par cœur, au dessus de chez moi. Je connais ses prairies, ses lacs, son refuge, ses moutons, les patous et leur berger, ses recoins cachés. J'y ai bivouaqué plusieurs fois, dans laisser aucune trace de mon passage évidemment. Le site est fréquenté, mais sans excès, je n'y ai jamais remarqué d'agressions significatives, c'est un des plus beaux sites de Belledonne et ceux qui l'aiment en prennent soin.
Alors, m'interdire de bivouaquer, dans un lieu que je connais si bien, qui, comme pour beaucoup de Revelois et de montagnards, est devenu un petit peu chez moi, sans justification convaincante, je prends cela comme une agression.
Il suffit de lire les justificatifs de l'arrêté pour comprendre qu'ils ne justifient rien de l'interdiction. Personne de sérieux ne peut argumenter que bivouaquer sur un territoire pâturé et repâturé par les moutons tous les jours provoque une atteinte au milieu naturel.
Je me renseigne à la mairie, auprès des membres du conseil, de Natura 2000. Je prends l'avis d'autres randonneurs. C'est l'incompréhension. Cet arrêté n'a pas été discuté en conseil, ni préparé en commission, il a été publié à la va-vite le 17 juillet alors que la saison avait démarré, il n'est affiché nulle part, les conseillers municipaux le découvrent avec moi. Il a été décidé en tout petit comité par le maire, Bernard Michon. Pour quelle raison, quelle urgence?
J'obtiens un rendez-vous avec le maire. J'essaye de comprendre une justification objective, j'ai des arguments, je n'obtiens que des réponses floues. Je comprends qu'une des motivations est liée au troupeau, mais ce n'est pas mentionné dans les attendus. Le berger aurait demandé qu'on éloigne les randonneurs qui le dérangent. Le gardien de refuge est le premier à afficher l'arrêté, est-ce qu'il aurait poussé à étendre la zone d'interdiction sous son refuge? J'argumente sur la Pra, le maire me répond surfréquentation à Freydières (c'est son point de vue) et dégradation du milieu inacceptable au lac Achard à Chamrousse. Bernard Michon est maire de Revel, mais aussi président de l'Espace Belledonne, il veut montrer qu'il prend la sauvegarde du milieu à cœur et qu'il a le courage, lui, de prendre des arrêtés impopulaires quand il le faut (alors que dans d'autres communes....) . Un geste politique fort, donc, adressé à ses collègues.
Un geste politique, sur un mauvais dossier, au détriment des randonneurs. Ce n'est pas la première fois.
Dans les concertations locales, les randonneurs (ou plus généralement les usagers de loisirs de la montagne) sont habituellement oubliés. La mairie consulte et réunit les propriétaires, les exploitants agricoles, les forestiers, les chasseurs et les pécheurs qui sont organisés réglementairement, le propriétaire (FFCAM) et le gardien du refuge de la Pra, Natura 2000. C'est très bien. Mais les randonneurs, les trailers, les VTTistes, les ramasseurs de champignons? Ils ne sont pas consultés. Il y a pourtant un groupe de randonneurs actif (Le Perlet) à Revel et beaucoup de pratiquants individuels. Le résultat, c'est que dans les arbitrages, les randonneurs sont un peu oubliés. Alors qu'ils constituent la majorité des usagers, et que le tourisme doux souhaité pour Belledonne, c'est avec les randonneurs (au sens large) qu'il se construira.
J'espérais qu'un dialogue permette rapidement de revenir sur des données objectives et que l'arrêté soit rediscuté et reconsidéré après l'expérimentation d'un été. Je ne vois plus de signes dans ce sens.
Bien au contraire. Le sujet à l'ordre du jour, c'est la "surfréquentation" de Freydières. On déclare et on répète le mot surfréquentation, sans justification factuelle, mais à force de le répéter, ça devient une réalité incontournable. Et l'objectif devient de limiter la soi-disant surfréquentation, alors qu'il devrait être de gérer la fréquentation du site. Et on entend par ailleurs des commentaires douteux sur les étrangers grenoblois (des gens aisés, des ingénieurs) qui viennent polluer nos montagnes, garer leurs voitures n'importe où et ramasser nos champignons. Si on pouvait mettre une barrière pour les empêcher de monter au delà de Freydières... Je n'invente rien, ça a été dit par des participants à la réunion publique du 14 octobre 2018.
Il y a urgence à faire quelque chose pour que les randonneurs soient mieux entendus. Pas uniquement à Revel, l'enjeu est sur Belledonne, Nous sommes nombreux a penser la même chose. Voici la raison de ce blog.
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PONSARD (jeudi, 15 novembre 2018 13:42)
Effectivement cette interdiction de la mairie de Revel n'a pas vraiment été diffusée sauf par le gardien du refuge de la Pra.
Mais puisqu'il y a un projet de parc Belledonne, pourquoi ne pas réglementer les bivouacs autour du refuge de la Pra comme le font d'autres parcs naturels?
Cela irait dans le sens de la cohabitation de tous les acteurs de la montagne. D'un point de vue écologique, cela me semble une bonne piste qui permettrait d'aller au moins boire un café (ou plus) au refuge le matin quand les dortoirs sont saturés les week-end d'été.
Marie S (vendredi, 16 novembre 2018 16:46)
Enseignante de formation, je suis surprise de lire cet arrêté : avant d'interdire il faut expliquer et informer, ceci n'a pas été fait. Quel dommage !